mercredi 31 octobre 2012

Rome Antique et romantique ?!

                                        Il faut que je vous dise : j'ai une fâcheuse tendance à me poser toutes sortes de questions. Parfois, elles sont pertinentes et intéressantes, mais la plupart du temps, mes sujets d'interrogation sont extrêmement futiles. En général, ils ont cependant ceci en commun que, quelle que soit la réponse apportée, ni ma vie ni la face du monde n'en seront changés - si l'on excepte mon intense satisfaction intellectuelle. Ce qui me rappelle ma grand-mère paternelle qui, lorsqu'elle posait une question, avait coutume de préciser : "ce n'est pas par curiosité, c'est pour le savoir" ! Bin moi, c'est un peu pareil...

                                        Et là, je m'en suis posée une, de question - à première vue complètement idiote : y a-t-il un rapport entre la Rome Antique et l'adjectif "romantique" ?! A part la chanson de François Feldman, "Les Valses de Vienne" ("Dans la Rome antique / errent les romantiques" - voyez-vous, j'ai des lettres.) Déjà, vous noterez qu'il m'aura fallu des années pour faire le rapprochement entre les deux termes, ce qui prouve que ma vivacité atteint parfois péniblement celle du paresseux d'Amazonie... Mais enfin, puisque l'interrogation m'a traversé l'esprit, j'ai bien évidemment cherché la réponse. Au risque de me ridiculiser complètement en enfonçant des portes ouvertes, je voulais donc vous faire part de ma découverte.

                                        Donc, existe-t-il un lien entre "Rome Antique" et "romantique" ? Et bien... en quelque sorte ! Laissez-moi développer un peu cette réponse de Normand. Dans l'Antiquité, nous avons Rome, centre géographique, politique, militaire de l'Empire. L’Empire en question dure près de 1000 ans - grosso modo, de -500 à 500, date à laquelle les invasions barbares provoquent sa chute. Et paf, plus d'Empire romain ! Ensuite, c'est le Moyen-Age : châteaux forts, chevaliers, croisades et gentes dames. La dislocation de l'Empire romain a entraîné l’émergence d'entités distinctes, liées par des populations autochtones, une Histoire et des traditions communes, et qui deviendront au fil du temps des nations comme l'Espagne, la France, la Hongrie, l'Italie, l'Allemagne, etc. Ces aires géographiques distinctes partagent parfois une même langue ; dans d'autres cas, l'unité linguistique s'élabore petit à petit. 


Manuscrit du Moyen-Age.

                                        C'est là qu'intervient la distinction entre le Latin (la langue parlée par les Romains) et les langues romanes, qui en dérivent. Par exemple le Français, l'Italien, le Portugais, l'Espagnol, le Catalan...  Or, apparaissent très vite des légendes, des mythes, des histoires - souvent repris ou adaptés de ceux préexistants - contés et rédigés précisément dans ces langues : ces écrits sont alors désignés comme la littérature romane. Dans les temps médiévaux, on y retrouve des thèmes récurrents : généralement, il s'agit d'aventures chevaleresques où des héros livrent des batailles au nom de nobles causes ou pour les beaux yeux d'une gente dame - les deux, notez bien, n'étant pas forcément incompatibles. Toutes ces histoires se ressemblent par leur schéma narratif, mais aussi par l'idéalisation de leur sujet, les chevaliers étant toujours les plus beaux et les plus forts, les causes défendues transcendantes, et les dames les plus jolies qu'on ait jamais vues (des blondes au teint pâle, le plus souvent. Ce qui ne fait guère plaisir à la brunette que je suis, mais c'est un autre débat.) Pour le dire autrement, nous assistons là aux destinées exceptionnelles de personnages qui ne le sont pas moins, et qui voient leur amour sublimé par les tragédies dont ils sont les victimes : voilà qui est très romantique...


Guenièvre embrassant Lancelot Du Lac.


"Le Voyageur Au-Dessus De La Mer De Nuages" (Peinture de Caspar David Friedrich)

                                        Au fil des siècles, le terme "romantique" en vient, par extension, à désigner tout un pan de la littérature faisant appel à l'imaginaire - c'est-à-dire le roman - et dans sa première acception, il est peu à peu remplacé par l'adjectif  "romanesque". Puis, vers la fin du XVIIIème siècle, le mot "romantique" refait surface, cette fois pour désigner un mouvement artistique venu d'Allemagne, qui met l'accent sur l'expérience personnelle et l'expression des sentiments, notamment par opposition à la raison dominant le Siècle des Lumières. Le Romantisme fait de l'art sous toutes ses formes (littérature en premier lieu, puis peinture, musique, etc.) le miroir d'émotions humaines exaltées et exacerbées. Pour boucler la boucle, signalons que de nombreux artistes (notamment de l'époque - Keats, Byron, Stendhal, Chateaubriand, Goethe pour ne citer que ces exemples) accomplissaient une sorte de voyage d'études à travers l'Europe méridionale, et notamment en Italie, au cours duquel ils contemplaient in situ les vestiges de l'empire Romain et des grandes œuvres de la Renaissance... Ce qui explique sans doute, chez certains, une certaine fascination pour l'Antiquité romaine.


"Le Forum Avec Un Arc-En-Ciel" (Peinture de Joseph Turner)

                                        Et voilà comment on revient à la source ! Ou comment de Rome, qui engendra les langues "vulgaires" que sont les langues romanes à partir du Latin, on passe par le roman médiéval, le roman tout court, le romantisme du XIXème siècle... pour revenir à Rome, et atterrir sur mon blog ! Tout ça pour ça... Mais au moins ai-je obtenu la réponse à ma question : oui, il y bien un lien entre la Rome Antique et l'adjectif romantique, puisque ce dernier s'appliquait à l'origine aux récits rédigés dans les romans, ouvrages en langue romane, dérivée du Latin des Romains. CQFD. Ou SPQR, si vous préférez...

"Agrippa Accostant avec Les Cendres De Germanicus" (Peinture de Joseph Tuner)








dimanche 28 octobre 2012

"Par Ce Signe Tu Vaincras" : Constantin et le christianisme.


                                        C'était il y a 1700 ans, jour pour jour. Le 28 Octobre 312 marque un tournant dans l'Histoire non seulement de l'Empire romain, mais encore de tout l'Occident puisque c'est ce jour-là, précisément, que l'Empereur Constantin (règne : 307 - 337) se convertit au Christianisme. Hasard du calendrier, j'avais décidé de m'intéresser à ce sujet avant de prendre conscience de la concordance des dates. Coïncidence, ou signe divin ?! Voici, en tout cas, comment l'Empire romain  est devenu Chrétien.

Constantin Ier Le Grand. (Musée Capitolin.)

SON NOM, IL LE SIGNE D'UN XP QUI SIGNIFIE CHRISTOS...



                                        L'Empire romain est, à cette époque, divisé en deux territoires - l'Orient et l'Occident - et dirigé par une tétrarchie. Concrètement, deux Augustes, secondés par deux Césars logiquement appelés à leur succéder, règnent chacun sur une partie de l'Empire. Mais la tétrarchie, qui semble une bonne idée en théorie, ne survivra pas longtemps dans les faits... En 311, après d'interminables conflits et écharpages en règle, la situation est la suivante :
  • En Orient, Galère est Auguste et Maximin II Daia est César ;
  • En Occident, Licinius est Auguste et Constantin est César ;
  • Maxence, le beau-frère de Constantin, déclaré ennemi public, domine l'Italie et l'Afrique du Nord sans aucune légitimité. 

La Bataille du Pont Milvius - détail. (Fresque de Raphaël, Vatican, Salle de Constantin.)


                                        A la mort de Galère (311), Maximin II devient donc Auguste d'Orient. Pendant ce temps, Constantin  attaque Maxence en Italie, et les deux hommes s'affrontent lors de la bataille du Pont Milvius, près de Turin, ce fameux 28 Octobre 312.  Et c'est alors que...
"Il dit que, dans l'après-midi, alors que le soleil commençait déjà à décliner, il vit de ses propres yeux le trophée d'une croix de lumière dans les cieux, au-dessus du soleil qui portait l'inscription "Par ce signe, tu vaincras". ("In hoc signo vinces") A cette vue, il fut frappé de stupeur de même que l'ensemble de l'armée qui l'accompagnait au cours de cette expédition et qui fut témoin du miracle. Il ajouta qu'il douta en lui-même de la signification à donner à cette apparition. Tandis qu'il continuait à s'interroger et à spéculer sur son sens, la nuit tomba brutalement. Ensuite, le Christ de Dieu lui apparut dans son sommeil avec le même signe que celui vu dans les cieux et lui ordonna de réaliser l'image de ce signe qu'il avait vu dans les cieux et de s'en servir comme image lors de tous ses engagements contre ses ennemis." (Eusèbe, "Vie de Constantin", 1, 27-28.)
 
"La Conversion de Constantin." (Pierre Paul Rubens.)


Le chrisme.
Eusèbe de Césarée, l'évêque auteur de ces lignes, affirme que c'est Constantin lui-même qui lui aurait relaté les faits, bien plus tard. Le signe en question, c'est ce qu'on appelle le chrisme, constitué de deux lettres grecques superposées : le khi (qui se note X) et le rhô (Ρ), premières lettres du mot grec Christos - le Christ. Ni une, ni deux : Constantin fait inscrire le signe sur son étendard, sur les armures et les boucliers de ses soldats. Précisons que, adorateur de Sol Invictus, comme bon nombre de ses prédécesseurs, il avait déjà fait un pas vers le monothéisme, qui ne lui paraissait donc sans doute pas tellement incongru. Le combat s'engage : bien que ses troupes soient en sous-effectif, Constantin écrase les adversaires, qui s'enfuient ; le corps de Maxence, qui s'est noyé dans le Tibre, est rejeté sur la rive. Aussitôt, Constantin s'empresse de se faire fabriquer un chrisme en or et pierres précieuses.
  

PETITS MASSACRES ENTRE AMIS : A LA CONQUÊTE DE L'EMPIRE.


Maximin II Daia.
Maxence éliminé, Constantin peut alors tourner son regard vers l'Orient : outre qu'il compte bien se débarrasser de Maximin II, ce second rival tente de surcroît d'imposer la religion païenne, y compris en persécutant les Chrétiens. Constantin a beau lui demander gentiment d'arrêter, rien n' y fait ! Et là, attention : les choses se compliquent un chouïa... Entre temps, Constantin ayant été désigné Auguste d'Occident par le Sénat, Licinius a reconnu son autorité et, en échange, a accepté de diriger l'Orient : Maximin II attaque donc Licinius. Vous suivez toujours ?! De toute façon, peu importe : défait en Thrace, Maximin parvient à prendre la fuite, mais il trouve la mort en 313, laissant Licinius et Constantin seuls maîtres de l'Empire, respectivement en Orient et Occident.




                                        Dans la foulée, Lucinius et Constantin se retrouvent à Milan. Le second épouse la demi-sœur du premier, et ils promulguent ensemble l'édit de Milan, qui annonce que toutes les religions sont désormais tolérées dans l'Empire, et que les biens confisqués aux Chrétiens leur seront restitués. Si le Christianisme n'est pas encore reconnu comme seule religion officielle, il s'agit néanmoins d'un premier pas dans cette direction, qui aboutira à l'interdiction du paganisme.

Licinius.
 Ensuite, c'est un peu comme dans les westerns. Vous connaissez tous cette scène, quasiment rituelle, où l'un des personnages lance à l'autre : "cette ville est trop petite pour nous deux." ?! Bin là, c'est quasiment la même chose : il semble bien que l'Empire Romain soit trop petit pour deux Augustes ! Les relations entre Constantin et Licinius se dégradent, progressivement mais inexorablement. Je vous la fais courte : en 322, Constantin pénètre en Orient, au prétexte de repousser les Goths. Pour Lucinius, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, et la guerre éclate. Mais l'Auguste d'Orient subit une succession de défaites, jusqu'en Décembre 324, où il est capturé puis exécuté lors de la bataille de Chrysopolis.


RÉFORMES PRO-CHRÉTIENNES ET ERGOTAGES THÉOLOGIQUES.


                                        Désormais seul à la tête de l'Empire, Constantin peut poursuivre son œuvre de christianisation qui, il en est convaincu, permettra de maintenir l'unité d'un si vaste territoire. Se proclamant le représentant du Dieu chrétien sur Terre, il se fait appeler "égal des apôtres", et accentue le caractère totalitaire du dominat, instauré par Dioclétien.
"Ce Verbe de Dieu est le Seigneur du monde, qui se répand sur toutes les choses, et dans toutes les choses visibles et invisibles.C'est de sa main que nôtre Empereur très chéri de Dieu, a reçu la souveraine puissance, pour gouverner son État, comme Dieu gouverne le monde. Le Fils unique de Dieu règne avant tous les temps, et régnera après tous les temps avec son Père. Notre Empereur qui est aimé par le Verbe, règne depuis plusieurs années par un écoulement, et une participation de l'autorité divine. Le Sauveur attire au service de son Père, le monde qu'il gouverne comme son royaume, et l'Empereur soumet ses sujets à l'obéissance du Verbe. Le Sauveur commun de tous les hommes chasse par sa vertu divine, comme un bon Pasteur, les puissances rebelles qui volent dans l'air et qui tendent des pièges à son troupeau. Le Prince qu'il protège, défait avec son secours les ennemis de la vérité, les réduit à son obéissance, et les condamne au châtiment qu'ils méritent. (Eusèbe, "Harangue à la louange de l'Empereur Constantin", I-II.)
Constantin Ier. (Musée Capitolin.)

 S'il n'exclue pas systématiquement les païens de son entourage, les dignitaires chrétiens prennent néanmoins une place importante auprès de Constantin : il s'entoure d'un sacrum consistorum ("conseil sacré"), et tout, dans les rouages du pouvoir, se voit désormais apposer ce qualificatif. L'essor du Christianisme est également marqué par la naissance des premières églises chrétiennes - et notamment la première Basilique Saint-Pierre, à Rome (qui se trouve sous l'édifice actuel). Constantin encourage la construction de lieux de culte Chrétiens, reconnaît l'autorité des tribunaux épiscopaux, finance l’Église et déclare le Dimanche jour férié obligatoire. A noter - même s'il n'y a aucun lien direct - qu'il est également le fondateur de la nouvelle capitale orientale, à Byzance, rebaptisée Constantinople. Sur le plan économique, il institue également une nouvelle monnaie d'or, le solidus - qui donnera notre "sou". Administrateur énergique, il réforme par ailleurs les institutions, rétablissant les Sénateurs dans certaines de leurs prérogatives au détriment des chevaliers, et il introduit de nouveaux impôts. J'aurai l'occasion d'approfondir une autre fois.

                                        Dans la réalité, le Christianisme ne vient pour l'instant que s'ajouter à la liste des cultes pratiqués dans l'Empire et, pour de nombreux Romains, il n'est qu'une religion parmi d'autres. La plupart, du reste, ne voient aucun inconvénient à vénérer le Christ en même temps que les anciens Dieux - ce qui n'est évidemment pas le cas des Chrétiens les plus fervents, qui se montrent hostiles aux païens. Constantin lui-même continue à faire diffuser des monnaies frappées du symbole du Sol Invictus, du génie du peuple romain, ou d'autres personnifications païennes. Les Chrétiens les plus extrêmes, bien que prosélytes et prêts à tout pour leur foi, sont encore une minorité. L'Église naissante est pourtant traversée par une série de crises, d'affrontements théologiques et d'antagonismes problématiques, auxquels Constantin doit mettre un terme. Ces disputes, les schismes, divisent les croyants en divers courants :
  • L'orthodoxie, basée sur l'enseignement de l’Église chrétienne de Rome, qui considère que Dieu et le Christ sont tous deux divins, et que tous les deux sont en même temps deux personnes distinctes, et un Dieu unique réuni en une entité.
  • Le donatisme, du nom de Donatus. Ses partisans, ayant décrété qu'aucun pardon ne devait être accordé à ceux qui, sous la menace des persécutions, avaient renié leur foi, l'élisent évêque à la place d'un autre en 311, et refusent catégoriquement de céder.
  • L'arianisme, qui tire son nom d'Arius, un prêtre nord-africain du IVème siècle, pour qui Dieu et le Christ ne sont pas égaux, ne sont pas de même nature et pour qui le premier est supérieur au second, dont il n'est que l'instrument. (En gros)
 
                                        Pour mettre un terme au donatisme, Constantin convoque deux synodes, le premier à Latran (313), le second à Arles (314), et il condamne fermement le courant dissident. Les adeptes se rebellent, et l'Empereur, bien qu'ayant tenté d'étouffer la révolte, finit par capituler : le calme revient, et chacun campe sur ses positions. Ceci étant, le donatisme n'a qu'un faible impact, et ses partisans se cantonnent en Afrique du Nord, où ils ne sont qu'une poignée. L'hérésie perdurera pourtant durant plusieurs siècles.

                                        La crise de l'arianisme est plus délicate, et en 325, Constantin réunit un concile à Nicée (aujourd'hui Iznik, en Turquie) et y participe même activement, en donnant son avis sur les questions théologiques - devant des évêques qu'on imagine estomaqués !

"Que si l'Empereur dont je parle, avait une inclination si bienfaisante pour tous ses sujets, il prenait un soin particulier des Chrétiens. Il convoqua comme un commun évêque ordonné de Dieu des Conciles pour apaiser les différends qui s'étaient émus en diverses Provinces entre les Pasteurs de l’Église. Il prit la peine d'assister à leurs assemblées, de s'asseoir au milieu d'eux, d'examiner le sujet de leurs contestations, et de s'entremettre de les accorder. Il commanda alors à ses Gardes de se retirer, et se tenait assez bien gardé par la crainte de Dieu, et par l'affection de ses sujets. Il louait la sagesse et la modération de ceux qui suivaient le bon parti, et qui se portaient à la paix, et blâmait l'opiniâtreté de ceux qui refusaient de se rendre à la raison." (Eusèbe, "Vie de Constantin", II - 44.)

Concile de Nicée.
 
La nature consubstantielle de Dieu et du Christ est proclamée, les ariens sont bannis (avant d'être rappelés, car trop nombreux pour être écartés) et leur doctrine condamnée, mais elle ne s'éteint pas. Même si Arius lui-même ratifie le décret deux ans plus tard, les Ariens refusent de se soumettre aux décisions du concile, et continuent à propager leur doctrine - au point qu'elle devient majoritaire ! La controverse se poursuivra pendant des décennies, bien après la mort de Constantin. Mais celui-ci, finalement, feint de ne rien remarquer - trop heureux d'avoir mis un terme aux querelles qui déchiraient les croyants, et risquaient de déstabiliser l'unité de l’Église.

                                        Parallèlement, Constantin poursuit sa politique religieuse et tente d'imposer un nouvel ordre moral : les sacrifices païens sont interdits en 324, les trésors des temples païens sont confisqués et affectés à l'édification d'églises, les combats de gladiateurs sont interdits, des lois sévères sont promulguées contre la prostitution, l'adultère, le divorce, les relations hors mariage, et de nombreux textes jugés impies sont censurés.  
  

LA MORT DE CONSTANTIN.


La mort de Constantin.

                                        Au cours des dernières années de sa vie, Constantin livre plusieurs guerres importantes, notamment sur le Rhin, le Danube et en Dacie, battant successivement les Alamans, les Goths et les Sarmates. Mais, alors sexagénaire, il doit penser à sa succession... Inexplicablement, il recrée alors une sorte de tétrarchie, système que lui-même avait contribué à anéantir, et il divise l'Empire en quatre, entre ses trois fils et le fils de son demi-frère. Sans doute espérait-il que les quatre larrons s'entendraient après son trépas - preuve que Constantin croyait vraiment aux miracles ! Car comme on peut s'y attendre, les héritiers se déchireront, et le dispositif fera long feu.

                                        Peu après Pâques 337, Constantin tombe gravement malade. Se sachant condamné, il se fait baptiser par l'évêque (arien !) de Nicomédie, Eusèbe (à ne pas confondre avec le Eusèbe qui nous a raconté l'épisode de la célèbre vision.) Ce procédé ne doit pas étonner, et il a longtemps été courant de recevoir le baptême sur son lit de mort. Reconnaissons que c'est pratique puisque, logiquement, on n'a pas le temps de pêcher ni de souiller son  âme avant de calancher et donc : Zou, direction la vie éternelle !  Paradis ou pas, Constantin le Grand meurt le Dimanche de Pentecôte, soit le 22 Mai 337 et, selon ses vœux, son corps est transporté à Constantinople, au centre de l’Église des Saint-Apôtres, au milieu des faux sarcophages des douze apôtres. Quant au Sénat, il ne trouve rien de mieux que de diviniser le défunt Empereur, fraîchement converti - preuve que les pères conscrits sont quand même un peu à l'Ouest, question Dieu unique. 

Baptême de Constantin.

LA CONVERSION DE CONSTANTIN : OU ? QUAND ? COMMENT ? POURQUOI ?

 
                                        La question de la conversion de Constantin a fait couler beaucoup d'encre, et ne cesse de diviser les historiens. Certains considèrent qu'il a sauté le pas dès la bataille du Pont Milvius (312), voire même plus tôt, sous l'influence de sa mère Hélène, elle-même chrétienne ou, du moins, "sympathisante". D'autres penchent pour une conversion plus tardive, à l'instar de l'historien Zosime, qui établit un lien avec un drame familial survenu en 326. Résumons cette sombre affaire en disant que Constantin fait exécuter son fils Crispus, né d'un premier mariage, pour adultère ; il semblerait en fait que l'accusation ait été montée de toutes pièces par Fausta, la seconde épouse de Constantin, afin d'écarter celui qui risquait de devenir le rival de ses propres fils. Fausta, dénoncée à Constantin, finit par se suicider en se plongeant dans un bain bouillant. Rongé par le remord, il se serait alors tourné vers le christianisme, en quête de pardon. Certains, enfin, repoussent sa conversion à son baptême, sur son lit de mort.

                                        Le débat est loin d'être tranché, et l'on ne sait pas davantage si la politique chrétienne de Constantin était le fait d'une adhésion sincère à cette religion, ou du pur opportunisme. En effet, les Chrétiens étaient surtout présents en Orient, et l'on comprend tout l'intérêt qu'avait Constantin à soutenir ces agitateurs fanatiques face à ses rivaux pour la Pourpre (Maximin II et Licinius), et à les rallier à sa cause. Convictions sincères ou adhésion stratégique ? Peut-être les deux, si vous m'en croyez, et l'adhésion de façade a très bien pu se transformer en véritable croyance. N'oublions pas, après tout, que Constantin présida lui-même le concile de Nicée, allant même jusqu'à y exposer son opinion sur des questions théologiques ardues. Son neveu Julien - le futur Empereur dit "Julien l'Apostat" - ne remettra d'ailleurs pas en question la conversion de son oncle, comme en témoigne ces écrits :
"Constantin, qui ne trouvait pas chez les dieux le modèle de sa conduite, découvrant non loin de lui la Mollesse, s'empressa de la rejoindre. Celle-ci le reçut tendrement, l'enlaça dans ses bras, le revêtit et le para de vêtements aux couleurs chatoyantes, puis elle le conduisit à la Débauche. Ainsi le prince put-il aussi trouver Jésus qui hantait ces lieux et criait à tout venant : « Que tout séducteur, tout homicide, tout homme frappé de malédiction et d'infamie se présente en confiance. En le baignant avec l'eau que voici, je le rendrai pur aussitôt, et s'il retombe dans les mêmes fautes, lorsqu'il se sera battu la poitrine et frappé la tête, je lui accorderai de devenir pur. » Ravi de cette rencontre, Constantin emmena ses enfants hors de l'assemblée des dieux." (Julien, "Le Banquet des Césars", 30.) .

Saint Constantin offrant une maquette de Constantinople à la Vierge Marie.

                                        L'Église chrétienne, du reste, ne se pose pas la question : Constantin a été canonisé sous le nom de Saint Constantin Le Grand, et il est fêté le 21 Avril. Une histoire de famille, puisque sa mère est également devenue Sainte-Hélène : sainte patronne des teinturiers, des marchands de clous et d'aiguilles (chez les catholiques) ou des archéologues (chez les orthodoxes), elle aurait arpenté le Terre Sainte, afin de recueillir des reliques de la Passion (dont la Sainte Croix).


Sainte Hélène, mère de Constantin.


                                        Difficile, cependant, d'être catégorique quant à la sincérité ou les motivations profondes de Constantin. Mais ce qui importe, c'est qu'il a changé le cours de l'Histoire, en engageant l'Empire romain sur la voie du Christianisme - qui deviendra la seule religion officielle en 392, sous le règne de Théodose. Constantin a fait basculer le monde occidental dans la chrétienté de façon irréversible, jetant les bases de notre civilisation.

mercredi 24 octobre 2012

Un Bref Aperçu De La Mosaïque Antique.

Christel Savarese.


Samedi dernier se tenait au Musée Archéologique de Nîmes une conférence sur la mosaïque antique, sujet qui m'intéresse, bien que je n'y connaisse pas grand chose. A moins que ce ne soit justement pour cette raison ! Je n'en sais pas plus, du moins, que le commun des mortels, dont l'expérience se résume généralement à contempler les œuvres et vestiges exposés dans les musées - ce qui, avouons-le, est assez maigre. L'occasion était donc toute trouvée d'aborder ce sujet, au cours d'un exposé passionnant présenté par Christel Savarese, artiste mosaïste de Perpignan. Cette charmante jeune femme, qui s'est d'abord lancée dans l'aventure dans le cadre de ses loisirs, s'est finalement reconvertie en 2009 et réalise aujourd'hui des reproductions de mosaïques antiques et médiévales, ainsi que ses propres œuvres, contemporaines et plus personnelles. Vous retrouverez ses coordonnées à la fin de ce billet, ou vous pouvez cliquer sur le lien, ici.




                                        La conférence, intitulée "La Mosaïque des origines à la période romaine" s'est tenue sur deux heures, avec une première partie consacrée à l'évolution de cet art depuis ses origines jusqu'à la fin de l'Empire romain, et un second temps au cours duquel les participants (dont l'auteur de ces lignes) ont pu s'exercer à la pratique, en taillant des tesselles et en poursuivant une œuvre déjà entamée. L'honnêteté me force à admettre que, malgré beaucoup de bonne volonté et un enthousiasme certain, l’œuvre en question n'en est pas sortie à son avantage ! Comme quoi, on ne s'improvise pas mosaïste...

La mosaïque en question, avant notre intervention.


PETITE HISTOIRE DE LA MOSAÏQUE.


                                        Mais commençons par le commencement. Si vous lisez cet article, il y a fort à parier que, intéressé par l'antiquité romaine, vous avez forcément pu admirer des mosaïques diverses et variées, au détour d'un musée, d'un site archéologique ou dans les pages d'un livre. Et s'il est un art que l'on associe à la Rome antique, c'est bien la mosaïque - ars romana par excellence. De fait, c'est durant l'antiquité occidentale que la mosaïque a connu son apogée. On la retrouve alors dans tout l'Empire romain, aussi bien en milieu urbain - dans la domus des plus aisés et dans les lieux publics comme les thermes par exemple - qu'en milieu rural, où elle orne les murs et les sols des villae. Florissante durant la période républicaine et le Bas-Empire, elle est pourtant née en Mésopotamie, avant que les Grecs ne mettent au point la technique telle que nous la connaissons. La première mosaïque connue date ainsi du VIII ème siècle avant J.C. : retrouvée à Gordion, capitale de l'ancienne Phrygie aujourd'hui en Turquie, elle représente un damier très simple, constitué de galets de même calibre non taillés, rouges, noirs et blancs. (opus lapilli)

Mosaïque de Gordion.

                                        Petit à petit, les mosaïques évoluent et se complexifient. Toujours en galets, elles représentent des dessins figuratifs, souvent mythologiques, et comportent parfois en insert des lamelles de plomb, qui rendent les contours du dessin plus nets. Au IV ème siècle avant J.C., cette technique atteint son apogée, avec des œuvres de plus en plus soignées et de plus en plus étendues, certaines comportant jusqu'à 40 000 galets.

Mosaïque de "La Chasse Au Lion". (Détail)

                                        Les Romains adoptent la mosaïque par l'intermédiaire des Grecs, dont l'empreinte demeure très présente dans les premiers ouvrages de la période républicaine. Elle le restera pendant longtemps, puisqu'il faudra attendre le Ier siècle pour que les Romains s'émancipent et développent un style différent.


Mosaïque de Morgantina.

                                        Cependant, un changement notable se produit au III ème siècle avant J.C., période à laquelle les galets sont remplacés par des tesselles, petits morceaux de pierre, marbre, verre, terre cuite, etc. taillés en dés. Du point de vue esthétique, c'est une révolution : la variété des matériaux, les nuances de couleurs, la finesse des tesselles permettent de produire des illustrations moins grossières et plus minutieuses, et de jouer sur les effets comme les ombres portées ou la perspective. Les œuvres deviennent plus réalistes, rivalisant avec la peinture. La plus ancienne mosaïque en tesselles connue à ce jour a été mise au jour à Morgantina (Sicile).

                                        Parallèlement aux mosaïques fixes et exécutées sur place, des mosaïques transportables voient le jour, comme les emblematae gréco-romains, fabriqués en atelier sur un support très léger (travertin, tuiles, etc.) et qui peuvent ensuite être acheminés vers une autre destination.

                                        C'est au cours du Ier siècle avant J.C. qu'apparaît l'expression latine "opus musivum" (d'où vient notre "mosaïque"), qui désigne à l'origine les décorations en tesselles ornant les parois et les voûtes des fontaines ou des grottes dédiées aux Muses. Il s'agit des premières mosaïques murales, jusque là utilisées pour orner les sols. Comme elles n'ont pas à souffrir des passages répétés et ne sont pas foulées au pied par les habitants ou les passants, on peut se permettre d'employer pour ces mosaïques pariétales des matériaux plus fragiles, comme les coquillages ou la pâte de verre. Voire de la feuille d'or, insérée entre deux tesselles de verre transparentes.

L'utilisation de la mosaïque se développe, et plusieurs types d'ouvrages apparaissent :

Exemple d'opus sectile.

  • L'opus tessellatum : la technique la plus courante, elle est notamment employée pour les figures géométriques ou les motifs de remplissage.
  • L'opus signinum : un mortier imperméable composé de chaux, de terre cuite et d'amphores ou de briques pilées recouvre le sol, et des tesselles y sont ensuite insérées. Plus simple à exécuter, cette technique est moins coûteuse.
  • L'opus sectile : réalisé à l'aide de plaquettes de marbres taillées et assemblées, de pierres de couleur ou de verre, il représente généralement des fleurs ou des motifs géométriques. La mise en œuvre en est rapide, mais la matière première est onéreuse.
  • L'opus vermiculatum : travail délicat et minutieux, il consiste en un assemblage de minuscules tesselles de 2 à 4 mm et se prête particulièrement au tracé de lignes sinueuses. Véritables tableaux rivalisant avec la peinture, ces mosaïques comptent parfois 1 million et demi de tesselles, à l'instar de la célèbre "Bataille d'Issos".
  • L'opus scutulatum : entre des tesselles d’une même couleur sont insérées des tesselles de couleurs et de dimensions différentes.

Mosaïque de "La Bataille d'Issos". (Détail)

                                        L'influence grecque perdure, et se fait notamment sentir par la présence d'un emblema, sorte de tableau enchâssé centré sur un fond rectangulaire uni - la mosaïque recouvrant alors souvent l'intégralité du sol d'une pièce.


Mosaïque monochrome du "Dieu Océan." (Saint-Romain-En-Gal)

                                        Au Ier siècle de notre ère cependant, cette influence s'estompe peu à peu, et les Romains développent de nouveaux styles, qui s'exportent dans tout l'Empire. En particulier, si l'on continue à fabriquer des mosaïques polychromes, on assiste à l'apparition d'ouvrages monochromes, en noir et blanc, qui domineront la production pendant deux siècles. Il s'agit bien ici d'un parti pris esthétique, et non d'un choix dicté, par exemple, par la pénurie de matériau. Le noir et blanc confère aux représentations un aspect graphique, caractéristique de la mosaïque romaine, qui y trouve son propre style. Cependant, si les mosaïques monochromes triomphent à Rome, la polychromie reste prépondérante dans les provinces.

                                        Il faut attendre la fin du II ème siècle pour que les mosaïques polychromes reviennent à la mode à Rome. On y retrouve des scènes similaires à celles attestées au cours des époques précédentes : des animaux, des masques de théâtre, les travaux agricoles - ou même les reliefs d'un repas offerts en offrande aux Dieux, ornant le sol d'un triclinium. Car, contrairement à la sculpture, la mosaïque a ceci de particulier qu'elle illustre souvent la vie quotidienne, avec des thèmes comme les saisons, les divertissements, les transports, etc.

                                        La mosaïque atteint son apogée à cette époque, et sa large diffusion dans tout le territoire dominé par Rome donne naissance à plusieurs courants, des écoles régionales qui modifient et enrichissent les motifs traditionnels, se différenciant ainsi petit à petit. Parmi les plus emblématiques, on peut citer :

  • Les écoles d'Afrique : très colorées et riches en détails, ces mosaïques se démarquent particulièrement dans la production antique. 
  • L'école d'Aquitaine : on y retrouve des décors répétitifs, montrant des végétaux ou des motifs géométriques, qui remplissent le fond de la mosaïque. 
  • L'école rhodanienne : se développant dans les villes de Vienne, Lyon, Nîmes ou Arles, elle représente des mosaïques constituées de plusieurs caissons contigus, figurant des emblemae et des motifs géométriques.



École d'Afrique.

École d'Aquitaine.
École rhodanienne.

Mais toutes les régions de l'Empire développent un style qui leur est propre, et il existe aussi des écoles syrienne, germanique, britannique, rhénane, etc. De même, il arrive que les influences se mêlent : c'est le cas à Saint-Romain-En-Gal où certaines mosaïques évoquent l'école syrienne, ou encore à la Villa Loupian, où les mosaïques comportent des éléments de l'école rhodanienne mais semblent également avoir intégré des influences d'Aquitaine.

                                        L'art de la mosaïque  ne cesse d'évoluer et de prospérer, jusqu'au déclin de l'Empire. L'affaiblissement de la puissance romaine entraîne un morcellement au sein duquel les provinces s'autonomisent, et les autochtones adoptent de nouveaux types d'habitats, moins luxueux, où les mosaïques n'ont plus leur place. Reste la religion chrétienne, qui utilise encore les mosaïques afin d'en orner les lieux de culte : les œuvres quittent alors le domaine privé et naît un art religieux, qui trouvera son prolongement dans les mosaïques byzantines et médiévales.

BREF APERÇU TECHNIQUE.


                                        Depuis le début de cet article, je ne cesse de parler d'art. Pourtant, cette conception n'a rien d'antique, où les mosaïstes étaient considérés non pas comme des artistes, mais comme des artisans. Pour preuve, ils signaient rarement leurs travaux : toutes périodes confondues, seules 15 mosaïques en Gaule portent le nom de ceux qui les ont fabriquées. Si l'on ignore d'où proviennent les dessins figurant sur les mosaïques - bien que la récurrence de certains motifs laisse envisager la possibilité de modèles diffusés dans tout l'Empire - le travail en lui-même est bien connu, notamment grâce aux écrits de Vitruve,  aux outils et matériaux mis au jour par les archéologues, et à la seule stèle funéraire retrouvée représentant la profession.


                                        Voyons tout d'abord l'aspect technique, avec la préparation du sol : au premier niveau le statumen constitué de pierres servant de fondation est recouvert par le rudus, mélange de tessons, de cailloux et de mortier. Par-dessus se trouve le nucleus, couche de sable et de chaux dans laquelle le mosaïste vient insérer les tesselles.

Maquette de C. Savarese, montrant les différentes couches préparatoires.


C. Savarese, sa marteline et son tranchet !
Les mosaïstes travaillent en équipe, avec une répartition des rôles bien précise. Les esclaves cassent le marbre, la pierre, le verre, la terre cuite, etc. et taillent les tesselles à l'aide de la marteline, frappée sur le tranchet. Le calcis coctor, quant à lui, fabrique la chaux, qui servira au pavimentarius pour préparer la chape de support. Le dessin proposé par le pictor imaginarius est reporté sur le sol  ou au mur par le pictor parietarius à l'aide de pigments, de charbon ou d'argile, avec des cordes tendues pour servir de lignes directrices dans le cas des œuvres les plus étendues. Enfin, le musaearius exécute les pièces figuratives ou les plus délicates situées dans les salles de réception (triclinium ou bureau par exemple), tandis que le tesselarius (généralement un apprenti) se fait la main sur les motifs les plus simples ou les mosaïques moins importantes, destinées aux parties communes ou aux chambres. Dernière étape, la mosaïque est égrenée ou poncée, jointée, et enfin huilée.





Voilà ce qu'on peut obtenir avec du travail et du talent... (Mosaïque de C. Savarese.)


                                        Je dois reconnaître que j'appréhendais un peu ces deux heures de conférence, et que je redoutais un exposé pontifiant sur l'Histoire et les différentes techniques. Or, j'aurais bien signé pour deux heures supplémentaires ! Et je pense que tous, de la novice comme moi aux participants plus expérimentés, auront appris quelque chose. Notre intervenante a su présenter son sujet de façon dynamique, avec pédagogie et simplicité, et transmettre la passion qui l'animait. Je remercie une fois encore Christel Savarese pour sa gentillesse, et j'en profite pour la rassurer : même si j'ai bien l'intention d'approfondir mes connaissances, et de me lancer prochainement, à mon tour, dans la réalisation d'une mosaïque, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles ! Vu mes premières tentatives lors de votre atelier, il faudra un certain temps avant que je vous fasse de l'ombre...

Un troisième merci à Christel Savarese, qui a accepté de relire mon post et d'apporter quelques corrections... 

ARTIFICINA MOSAIQUE

CHRISTEL SAVARESE
Chemin de Château-Roussillon
66000 PERPIGNAN

E-mail : christelsavarese@orange.fr
Site : www.artificinamosaique.fr



P.S. : Un ajout, en ce 15 Novembre 2012, pour vous montrer le fameux fleuron sur lequel nous nous sommes exercés et que, contre toute attente, Christel Savarese est parvenue à sauver !

© Christel Savarese / Artificina Mosaïque.

dimanche 21 octobre 2012

Musée de Saint-Romain-En-Gal et Exposition Péplum.

                                        C'est à nouveau avec l'association Carpefeuch (site web ici) que j'ai pu découvrir ce Dimanche le musée de Saint-Romain-En-Gal, près de Vienne. Et croyez-moi : pour que je daigne me lever aux aurores un Dimanche, il faut vraiment que ce soit pour la grandeur de Rome ! Mais le sacrifice en valait la peine, et la journée fut agréable - bien que fraîche - pour une visite en deux parties : le musée à proprement parler le matin, puis l'exposition temporaire consacrée au péplum l'après-midi. Et bien sûr, je ne peux résister au plaisir de me faire l'écho de cette expérience sur mon blog.

LE MUSÉE DE SAINT-ROMAIN-EN-GAL.


                                       Malheureusement, un timing serré a donné à la visite l'allure d'une campagne napoléonienne au pas de charge ! Ce qui est d'autant plus dommage que notre guide était aussi sympathique et dynamique qu'intéressante... En un temps record, elle nous a permis de découvrir quelques-uns des trésors du musée, et d'appréhender grossièrement le parcours proposé. Construit sur le site archéologique, l'établissement recrée en effet tout un quartier de la Vienne antique, à travers de nombreuses maquettes et reconstitutions qui permettent au visiteur de plonger dans la vie quotidienne de ses habitants, au cours des premiers siècles.

Musée de Saint-Romain-En-Gal. (©France3 RA)

                                        Située sur les rives du Rhône, dont la vallée la place en contact direct avec le bassin méditerranéen, la ville était alors un important carrefour commercial et économique. Témoins de cette situation géographique privilégiée, les entrepôts publics s'étendaient sur près de 5 hectares : y étaient stockés les produits acheminés sur le Rhône, puis par le biais de la voie romaine partant du bord du fleuve ; cette organisation permettait leur déchargement direct et leur transport vers ses lieux de stockage. On pense que les produits conservés étaient convoyés depuis toute la Gaule, et sans doute destinés à Rome. Ce n'est d’ailleurs pas un hasard si la mosaïque mise en exergue dans la première salle du musée représente quatre têtes du Dieu Océan, entouré de poissons et de coquillages : elle montre bien à quel point la proximité du Rhône, vecteur du développement économique, a conduit à l'essor du site et, en  offrant aux habitants l'opportunité de s'enrichir, a créé les conditions nécessaires à l'essor d'un mode de vie romanisé parmi les élites.

Maquette de Vienne au IIème siècle.

                                        La maquette de la ville de Vienne est impressionnante. Elle la présente telle qu'elle était au IIème siècle, au plus fort de son extension, soit approximativement 200 hectares, répartis de façon égale de chaque côté du Rhône. Sur la rive gauche (celle où est aujourd'hui implanté le musée) s'élevait le forum, cœur de la cité, surplombé par des constructions en  terrasses, parmi lesquelles un théâtre. Un cirque (hippodrome) avait été construit plus au Sud, dans la plaine. Sur la rive opposée, les entrepôts, les boutiques, les ateliers artisanaux (dont les quartiers des potiers et des foulons) et les grandes maisons d'habitation formaient un quartier urbain, à la fois commercial et résidentiel. Les archéologues s'interrogent encore sur l'absence d'un amphithéâtre (arènes) : si certains pensent que les vestiges n'ont pas encore été mis au jour, d'autres avancent en revanche que Vienne n'était sans doute pas équipée d'un tel édifice. Selon ces derniers, les installations existantes (Odéon notamment) et les scènes figurées sur les nombreuses mosaïques du site laisseraient à penser que la population locale était davantage empreinte de culture hellénistique, et négligeait les combats de gladiateurs, chasses, etc.

                                        Pourtant, les immenses villae dégagées à Saint-Romain-En-Gal témoignent de la romanisation des classes supérieures, et de leur aspiration à être perçues comme telles. Cette ambition, combinée à une fortune récente ne manque pas d'évoquer le Trymalchion de Pétrone, ce nouveau riche vulgaire qui tient un peu du milliardaire russe, alliant opulence et goût du kitsch... Au point que notre guide qualifie gentiment nos viennois antiques de - je cite - "ploucs qui se veulent Romains" ! Avec exemple à l'appui : une mosaïque, notamment, qui combine tesselles et pâte de verre brillante - moins luxueuse, mais préférée par le propriétaire car plus impressionnante, plus... "bling bling" !

Maquette d'une des villae antiques.

                                        Il faut bien admettre que, ploucs ou pas, les maquettes des villae laissent rêveur : celle de la Maison des Dieux Océans, par exemple, qui doit son nom à la mosaïque décrite plus haut. Immense (3000 m²), elle étonne par l'espace dédié aux jardins intérieurs, dans le péristyle, et qui occupent environ les 2/3 du bâtiment. Bassins et jets d'eau entourent le triclinium d'été, pendant de la salle à manger intérieure.

Reconstitution d'un triclinium.
Le musée montre également la reconstitution d'un triclinium, avec les lits de repas disposés en forme de U, autour d'une mosaïque dont l'illustration, orientée face aux convives, est encadrée par des motifs géométriques, placés sous les meubles. Autre reconstitution, celle d'un cubiculum (chambre), la mosaïque indiquant l'emplacement du lit par des figures géométriques tandis que le reste du sol est orné de motifs figuratifs - ici, des dauphins et monstres marins.




                                        Les mosaïques, justement, sont sans conteste les pièces maîtresses de la collection. Le talent du pictor imaginarius (qui dessine les modèles) est le fruit d'une longue transmission (les croquis passent  de génération en génération) autant que d'un fastidieux apprentissage. Les mosaïques de Vienne se caractérisent par certaines spécificités, comme les tresses encadrant les motifs. (Voir ci-dessous) Cependant, on retrouve parfois des influences lointaines, des similitudes avec l'artisanat syrien notamment : importation de certains éléments de style, ou installation sur place d'un artisan syrien ? Le mystère demeure...

                                        Hormis celle du Dieu Océan, nous avons pu admirer trois mosaïques en particulier :

  • La mosaïque des "Athlètes vainqueurs" : des athlètes (lutteurs, pugiliste, coureur, etc) récompensés par des palmes sont représentés autour d'Hercule tuant le lion de Némée, évocation de la force et du courage. On remarque aussi des masques de théâtre (indice permettant d'imaginer des spectacles à la Grecque, mêlant théâtre et compétition sportive) et, au quatre coins de l’œuvre, l'illustration des quatre saisons.
Mosaïque des Athlètes Vainqueurs.

  • La mosaïque d' "Orphée charmant les animaux" : s'il est surtout célèbre pour sa descente aux Enfers, où il se rend afin d'en ramener sa fiancée Eurydice, Orphée est ici représenté la lyre à la main, en train de chanter pour apaiser les animaux.
Mosaïque d' "Orphée Charmant Les Animaux".

  • La mosaïque du "Châtiment de Lycurgue" : située dans le triclinium d'une riche demeure, elle se démarque pas sa couleur, un vert splendide, et une forte influence tunisienne. Lycurgue, roi de Thrace, avait refusé l'hospitalité à Dionysos et à ses nourrices, et les avait attaqués : la bacchante Ambrosia  sauva sa vie en se métamorphosant en vigne, et le Dieu s'enfuit en sautant dans la mer. Sa vengeance fut terrible : Lycurgue fut frappé de folie et devint aveugle. Ici, ce qui subsiste de la mosaïque montre Bacchus et Pan, festoyant face aux convives, tandis que Lycurgue (au centre) se débat avec la vigne envahissante. Outre la beauté de la réalisation, le choix d'un motif fortement connoté (Lycurgue, homme sauvage et barbare, est puni par la vigne qui, au contraire, symbolise la civilisation au même titre que Bacchus) dénote à nouveau un fort désir de romanisation.
Mosaïque du "Châtiment de Lycurgue" (Détail)


Latrines.
Comme je l'ai dit, nous n'avons vu qu'une infime partie du musée. De même, nous n'avons pas pu profiter des vestiges mis en valeur à l'extérieur du bâtiment : thermes, palestre, villae, ateliers... Toutefois, nous avons eu l'occasion de voir... les latrines jouxtant l'ensemble thermal ! Étrangement, les latrines semblent exercer une fascination certaine sur les archéologues (je pourrais vous raconter comment je me suis retrouvée, un jour, dans les toilettes d'Anne de Bretagne !!!) : si les thermes étaient le lieu de rencontre où se croisaient toutes les classes sociales, les latrines jouaient apparemment le même rôle ! On peut comprendre, cela dit, que les habitants de Vienne s'y soient attardés : murs de marbre, fontaines, bassins, hygiène assurée par l'eau courante... Que de luxe dans ces lieux d'aisance ! Une peinture, en particulier, retient l'attention : juxtaposition de tableaux illustrant les sports de la palestre (l'espace jouxtant les thermes et dédié à l'exercice physique), on y voit des athlètes nus. Seul l'arbitre est habillé, à l’extrémité de la fresque : il indique la sortie vers les bains. Les toilettes du musée actuel sont tout de même moins amusantes (et moins conviviales !), mais il est à noter qu'un effort a été fait quant au panneau indicateur !

Fresque des latrines. (Détail)


Fresque des latrines contemporaines !

                                        Blague à part, ce musée riche et complet jouit d'une belle mise en scène, didactique et vivante. Il ne fait aucun doute que j'y retournerai, afin de découvrir le reste des collections.


PAUSE DÉJEUNER... ET GOURMANDISE LATINE !


                                        Il n'est pas dans mes habitudes de vous raconter ma vie, mais je vais faire une exception pour saluer la propriétaire du salon de thé dans lequel j'ai déjeuné : c'est avec une grande gentillesse qu'elle nous a accueillies, mes camarades et moi, nous offrant un abri bienvenu par une température polaire. J'ai une autre raison, plus pertinente, de vous citer cet établissement : on y vend du chocolat (du  vrai, bon chocolat, "sans lécithine de soja", m'a précisé la dame), et en particulier une reproduction du Temple de Vienne, dédié à Auguste et Livie ! Ou quand la romanité se conjugue avec la gourmandise...

Temple de Livie Et Auguste... en chocolat !

L'EXPOSITION PÉPLUM.


Liz Taylor incarne Cléopâtre.
 L'après-midi était consacrée à l'exposition sur le péplum, dirigée par Claude Aziza, qui nous a fait l'honneur d'une visite guidée et d'une conférence sur le sujet, avec l'érudition et l'humour dont il est coutumier. La manifestation est constituée de deux volets : l'un à Lyon où le péplum illustre les collections du musée, et l'autre à Saint-Romain-En-Gal avec la démarche inverse. Ici, il s'agit de décrypter le péplum, en en révélant les sources d'inspiration et en mettant en lumière les ressorts qui le constitue. Dans le hall d'entrée, le tableau de Lionel Royer, "Vercingétorix Jette Ses Armes Aux Pieds De César" donne le ton : l'imagerie antiquisante, qui nourrit et se nourrit de l'imaginaire et des idées reçues, donne à voir des mythes qui, pour aussi plaisants qu'ils soient, n'en restent pas moins des légendes. Claude Aziza se définissant lui-même comme un destructeur de mythes (je paraphrase, mais l'idée est là), le ton est donné !


© Musée de Saint-Romain-En-Gal.

                                        Mais ce passionné de péplums a œuvré, pour cette exposition, au sein d'une scénographie originale : des salles autonomes se côtoient, sans aucun ordre de visite, afin que le visiteur puissent les parcourir à son rythme et selon son goût. Chacune, par un bref montage de 2 à 3 scènes de films marquants, illustre un aspect propre au péplum et questionne ses origines, son rapport aux sources et aux faits par la présentation d'objets et d'illustrations. Signalons que certaines des séquences montrées sont rarissimes - à l'instar de ce "Néron essayant des poisons sur des esclaves", l'un des deux premiers films antiquisants (G. Hatot - 1897). Mais vous pourrez aussi visionner des passages des diverses versions de "Spartacus" ou des "Derniers Jours De Pompéi", de "Les Dix Commandements", "Samson Et Dalila", "Cléopâtre", "Ben-Hur", "La Vie De Brian", "Les 12 Travaux D'Hercule", "Scipion l'Africain", "La Chute de L'Empire Romain", "Le Forum En Folie", "Salomon Et La Reine De Saba"...

"Néron Essayant Des Poisons Sur Des Esclaves".

                                        Quant aux thèmes abordés, les voici (mais je me mélange peut-être les cnémides car j'étais tellement passionnée que j'en ai oublié de prendre des notes !) :

  • La religion : où l'on montre notamment comment l'intervention divine est représentée dans les péplums, tant pour les monothéismes que les polythéismes - ainsi que les cultes à mystères. 
  • Les super-héros : personnages mythologiques, bibliques, ou d'invention récente (Maciste), ces surhommes à la musculature impressionnante (souvent incarnés par des stars du culturisme) sont en général doté d'une force surnaturelle qui leur permet de surmonter les épreuves auxquelles ils sont confrontés.
  • Les catastrophes : élément indispensable, clou du spectacle voire élément central de certains péplums ("Les Derniers Jours De Pompéi"), la catastrophe peut être naturelle (éruption volcanique, séisme, etc.) ou la manifestation d'une punition divine (Les plaies d’Égypte).
  • Les batailles : encore des scènes spectaculaires, où l'on multiplie les figurants. (Ce n'est pas un péplum mais, pour l'anecdote, mon grand-père a joué un soldat français dans un film sur Napoléon... avant d'interpréter un Prussien, en changeant d'uniforme et en cavalant dans l'autre sens !)
  • Les jeux du cirque : scènes typiques, renvoyant immédiatement le spectateur à l'Antiquité, les jeux du cirque, les combats de gladiateurs et les courses de chars sont immanquablement faites sur le même moule, avec un héros en fâcheuse posture, qui finit par déjouer les pronostics. (Et s'il meurt, c'est après avoir vaincu son adversaire, au terme d'un combat truqué - "La Chute de L'Empire Romain" ou "Gladiator" !) Certaines sont devenues culte : la course de chars de "Ben-Hur", évidemment !
  • Danses, festins et orgies : scènes récurrentes, les trois éléments se mêlant très souvent. Avec une mise en parallèle amusante de la danse des 7 voiles de Salomé (Rita Hayworth dans "Salomé" de W. Dieterle - 1953) et du banquet du "Satyricon" de Fellini (1969).
  • Genres : ce module montre la répartition des rôles et les stéréotypes inhérents aux deux sexes dans le péplum, tant dans leurs oppositions que dans leur interaction.
  • Idéologie : le montage met l'accent sur la façon dont le péplum peut parfois mettre en lumière les questions actuelles, en plaquant sur un sujet en apparence antique une problématique contemporaine. "Scipion L'Africain" (C. Gallone - 1937) illustre ainsi les prétentions coloniales italiennes sur la région éthiopienne en soulignant une prétendue légitimité et portée civilisatrice ; "La Chute De L'Empire Romain" (A. Mann - 1963) traite en creux de la guerre froide.
  • Pastiches et publicité : un genre qui vire si souvent au kitsch ne pouvait manquer d'inspirer les humoristes, qui ne se sont pas privés d'en détourner les codes. La publicité s'en est également emparé, soit qu'elle en fasse le pivot de sa communication, soit qu'elle l'utilise dans le nom des produits. Voire les deux, à l'instar du savon "Cléopatra".
  • Décors monumentaux : souvent spectaculaires mais rarement fidèles à la réalité historique, ils font partie intégrante des péplums.


"Cléopâtre Essayant Des Poisons Sur Des Condamnés A Mort"

                                        Au-delà de ces différentes thématiques, ce sont les origines du péplum qu'éclaire cette exposition : un genre qui s'est inspiré de l'opéra, de la peinture et de la littérature. Si le péplum est l'héritier de l'opéra (on y retrouve souvent des thèmes similaires, des décors grandioses, et l'omniprésence d'une musique soutenant texte et action), un véritable chassé-croisé s'est mis en place entre les deux arts : j'ai ainsi appris que la troupe de la Scala de Milan avait joué dans un des premiers péplums... muet (!), mais on pense aussi à la Callas, interprétant Médée dans le film éponyme de Pasolini.(1969) Quant à la peinture, son influence n'en est pas moins évidente. Elle se manifeste dès les origines du péplum, le "Néron Essayant Du Poison Sur Des Esclaves" (1897) renvoyant au tableau de Cabanel, "Cléopâtre Essayant Des Poisons Sur Des Condamnés A Mort" (1887). De même, les peintres pompiers (Gérôme, Bouguereau, etc.), ou Gustave Moreau dans une moindre mesure, en puisant leurs sujets dans une antiquité fantasmée mais cependant riche en détails, offrent au cinéma balbutiant des sujets tous trouvés. Pour l'anecdote, sur les 81 sujets imposés lors du Prix de Rome entre 1800 et 1881, 78 concernaient des thèmes antiques ou bibliques, largement repris par le péplum. Aujourd'hui encore, certaines oeuvres frappent toujours l'imagination des cinéastes : Ridley Scott ne le confirme-t-il pas, lorsqu'il assure avoir trouvé l'inspiration pour son film "Gladiator" (2000) devant le célèbre "Pollice Verso" de Jean-Léon Gérôme ?


"Pollice Verso".

                                        Cependant, si le péplum emprunte une très grande part de son esthétique à la peinture et à l'opéra, il va surtout se nourrir de littérature. Les mystères médiévaux et la tragédie classique lui offrent des sujets bibliques (dans le premier cas) et païens (dans le second) - bien qu'étrangemment, on observe quelques différences : l'absence des héroïnes se fait ainsi sentir dans le péplum, au contraire des pièces de Racine par exemple (Bérénice, Andromaque, etc.) Dans le roman populaire, le péplum trouve des codes : antagonsime héros / "méchant" ("Ben-Hur"), enfant aux origines familiales obscures qui doit surmonter les épreuves pour lever le mystère sur ses origines et être rétabli dans son droit (Moïse étant le plus célèbre), dynastie de héros ("Le Fils De Spartacus" - S. Corbucci 1962.) etc. La vague du roman historique enfin, initiée par Walter Scott en Angleterre et Chateaubriand en France donne naissance à un genre qui ne cessera de fournir au péplum sa matière première : "Ben-Hur" de Lewis Wallace, "Fabiola" du Cardinal Wiseman, "Quo Vadis" de Sienkiewicz...

Il serait trop long de retracer ici toute l'histoire du péplum, ou d'analyser les influences qui ont conduit à l'apparition de ce genre cinématographique si particulier. Du reste, tel n'est pas le but de cet article. Toutefois, outre mon propre article sur le péplum ici , je ne saurais trop vous recommander deux livres pour approfondir le sujet : "Le Péplum, Un Mauvais Genre" et "Guide De L'Antiquité Imaginaire", tous deux du même Claude Aziza. (Références à la fin de ce billet.)

Sachez enfin, pour conclure, que que Claude Aziza a devancé la question que nous n'aurions pas manqué de lui poser : quels sont les films à voir impérativement ? Sa réponse : "Jason Et Les Argonautes" et "La Chute De L'Empire Romain". Vous savez ce qui vous reste à faire... Quant à visionner ces films avant ou après l'expo de Saint-Romain-En-Gal, je vous laisse le choix !


MUSÉE DE SAINT-ROMAIN-EN-GAL.
R.D 502
69560 Saint-Romain-en-Gal

Tél. : 04 74 53 74 01
Fax. : 04 74 53 74 19
saintromain@rhone.fr 
http://www.musees-gallo-romains.com

Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h. (sauf les 1/01, 1/05, 1/11 et 25/12)
Musée - 4 € (tarif réduit 2,5 €)
Exposition - 3 € (tarif réduit 2 €)
Billet couplé Péplum Lyon / St-Romain-En-Gal - 7 € (tarif réduit 4.50 €)
Gratuit les jeudis et tous les jours pour les moins de 18 ans. 

LIVRES.

"Le Péplum, Un Mauvais Genre" de Claude AZIZA - Éditions Klincksieck : lien ici.
"Guide De L'Antiquité Imaginaire " de Claude AZIZA - Éditions Les Belles Lettres : lien ici.

"LES DÉLICES DU TEMPLE" - PÂTISSIER/ CHOCOLATIER / GLACIER.
23 rue de l’Éperon
38200 Vienne

Tél. : 04 74 85 02 83